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Vacciner les éducateurs et éducatrices

| Action politique, Éducation publique

Pourquoi est-ce une bonne idée de vacciner les éducateurs et éducatrices? Parce qu’il y a les élèves, les familles, l’économie…

Il y a plus d’un an de cela, en janvier 2020, le Canada enregistrait son premier cas de COVID-19. Depuis, au-delà de 800 000 personnes ont été infectées, plus de 21 000 ont perdu la vie et tous les Canadiens et Canadiennes ont vécu d’une façon ou d’une autre les conséquences de la pandémie. Parmi les pires perturbations avec lesquelles les familles ont dû composer figure la fermeture des écoles, qui s’est accompagnée d’une nouvelle réalité, celle de l’apprentissage et de l’enseignement à distance.

Les parents — et en particulier les mères — ont dû s’adapter rapidement et trouver comment cumuler le télétravail, la garde des enfants, l’aide au travail scolaire et le soutien technique. Les parents sont épuisés comme le sont aussi le personnel enseignant et les autres travailleurs et travailleuses de l’éducation. Les élèves, quant à eux, vivent une deuxième année scolaire particulièrement difficile. Et même si les élèves sont maintenant de retour en classe (du moins pour la majorité), la troisième vague que les variants plus dangereux de la COVID-19 pourraient causer risque de renvoyer tout le monde à l’apprentissage à distance. 

Mis à part les répercussions de l’apprentissage à distance sur les familles, celui-ci défavorise les élèves qui n’ont pas accès à une connexion Internet fiable ou qui ne disposent pas de la technologie adéquate à la maison. Bien souvent, les élèves plus vulnérables dépendent aussi de l’école pour manger à leur faim et obtenir le soutien dont ils ont besoin auprès d’un réseau d’adultes de confiance. Et puis l’apprentissage en ligne élimine les interactions en personne, si fondamentales au développement des enfants et des jeunes.

Maintenant que les élèves sont à nouveau en classe, nous devons faire tout en notre pouvoir pour les y garder. Cela veut dire, pour commencer, que les classes doivent être le plus sécuritaires possibles et qu’on doit y appliquer des normes pancanadiennes de sécurité sur l’utilisation du masque, la distanciation physique et la ventilation. Élément peut-être le plus important, il faut ajouter les éducateurs et éducatrices du Canada sur la liste prioritaire de vaccination dans toutes les provinces et tous les territoires. C’est une question de sécurité pour le personnel enseignant, évidemment, mais aussi pour les élèves, leurs parents et nos communautés.

Depuis longtemps, j’estime que les membres du personnel éducatif sont des travailleurs et travailleuses de première ligne qui ne bénéficient pas des protections qui viennent avec ce genre de responsabilités. Évidemment, les professionnelles et professionnels de la santé et les populations les plus vulnérables doivent arriver en tête sur la liste de vaccination. Mais, pensons-y, étant donné le degré d’exposition des enseignantes et enseignants et tous leurs points de contact dans la communauté, nous devons nous assurer qu’ils sont les suivants sur la liste.

Une épidémiologiste de l’Université de Montréal, Dre Nimâ Machouf, est du même avis. [Traduction libre] « Pour empêcher la propagation de la COVID-19, nous devons nous assurer que les personnes les plus exposées sont vaccinées au plus tôt et cela comprend tout le personnel enseignant en salle de classe au Canada », affirme Nimâ Machouf. 

Les enseignantes et enseignants vivent tous les jours un degré d’exposition extrêmement élevé. Les salles de classe habituelles ne sont pas conçues pour que 20 élèves, et encore moins 35, puissent respecter une distance de deux mètres en tout temps. Le résultat est que nous avons trop de monde dans les classes et que ces personnes sont trop rapprochées les unes des autres et pendant de trop longues périodes, parfois sans le masque obligatoire, ce à quoi s’ajoute bien souvent une mauvaise ventilation. Et si la sécurité revêt une importance primordiale, elle n’est pas ici le seul facteur à considérer. Un retour à la normalité en éducation signifie que les travailleurs et travailleuses qui ont des enfants peuvent retourner au travail à plein temps et, du même coup, contribuer à la relance de l’économie canadienne après la pandémie.  

Alors que l’administration Biden n’hésite pas à affirmer que le personnel enseignant doit figurer sur la liste de vaccination prioritaire, le gouvernement fédéral du Canada reste silencieux à ce sujet et omet de reconnaître publiquement l’importance de vacciner les éducateurs et éducatrices. Certaines provinces se sont vaguement engagées à le faire, mais sans rien proposer de concret. Les plans de vaccination, comme les plans de réouverture des écoles, sont conçus par les gouvernements derrière des portes closes, sans que les personnes directement concernées ne soient consultées.

Nous faisons face maintenant, dans les dix provinces, au risque posé par les variants plus virulents de la COVID-19. Le nombre de cas à Terre-Neuve-et-Labrador a grimpé en flèche, principalement sous l’action du variant du Royaume-Uni. Ne nous laissons pas surprendre cette fois-ci comme nous l’avons été la première fois. Si une troisième vague se confirme, soyons prêts!

Maintenant que la majorité des élèves du Canada sont de retour en classe, veillons à ce qu’ils y restent. Tandis que les gouvernements élaborent leurs plans pour les prochains mois, nous devons nous assurer que le personnel enseignant et les autres travailleurs et travailleuses de l’éducation bénéficient d’une vaccination prioritaire contre la COVID-19 afin que nos enfants puissent poursuivre leur apprentissage en classe, que les parents puissent continuer de travailler et que notre économie avance sur la voie de la reprise tandis que les enseignantes et enseignants feront ce pour quoi ils ont été formés : inspirer et former la prochaine génération de Canadiennes et de Canadiens.

Shelley L. Morse est la présidente de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants.

Au sujet de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants

  • Fondée en 1920, la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants est la voix nationale de la profession enseignante. 
  • Alliance nationale d’organisations provinciales et territoriales de l’enseignement, la CTF/FCE représente plus de 300 000 enseignantes et enseignants des écoles élémentaires et secondaires au Canada. 

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