Les mises à pied de l’Alberta
Shelley L. Morse
Les mises à pied de l’Alberta en éducation se font sur le dos des élèves vulnérables
OTTAWA – La décision du gouvernement de l’Alberta de mettre à pied des milliers d’enseignantes suppléantes et enseignants suppléants, d’aides-enseignantes et aides-enseignants, et de membres du personnel de soutien, et ce en pleine crise sanitaire causée par la COVID-19, est épouvantable.
Au moment où les écoles d’un bout à l’autre du pays sont fermées pour protéger les enfants, les mesures d’éloignement physique ont aussi comme conséquence de priver les élèves les plus vulnérables du soutien et de la structure dont ils dépendent. Il est inadmissible d’ajouter 25 000 personnes au bassin des chômeurs et chômeuses, dont 6 000 aides-enseignantes et aides-enseignants, et jusqu’à 20 000 membres du personnel non certifiés. Ces mises à pied n’ont pas d’autre effet que de mettre encore plus de familles en situation précaire et de leur enlever ainsi les moyens d’aider les autres.
Il faut aussi voir la décision du gouvernement comme un coup porté à tous les travailleurs et travailleuses du secteur public, où qu’ils se trouvent. Ce n’est pas ce dont notre société a besoin en ce moment.
Dite temporaire, cette mesure opportuniste n’est rien de moins qu’un prétexte pour vider l’éducation publique financée par l’État de sa substance sous le couvert d’une pandémie. Cette mesure à courte vue aura aussi des répercussions à long terme qui menacent non seulement le système d’éducation et les professionnelles et professionnels qui en assurent le fonctionnement, mais également les enfants et les jeunes dont ils s’occupent au quotidien.
Les enfants ayant des besoins particuliers qui dépendent du personnel de soutien à l’éducation pour apprendre n’auront désormais plus accès aux services bienveillants dont ils ont tant besoin. Il faut se demander comment on répondra aux besoins de ces élèves dans les circonstances. Tandis que de nombreux parents se démènent pour faire face à une situation déjà difficile, il faut plus d’aide, pas moins.
L’équité et l’inclusion viennent en premier
Alors que la province de l’Alberta s’apprête à mettre en œuvre des programmes d’apprentissage à distance, la décision d’éliminer les postes d’aides-enseignantes et d’aides-enseignants n’aurait pas pu venir à un pire moment. Ces personnes, qui se spécialisent dans l’aide à l’apprentissage, comblaient le vide laissé par les fermetures des écoles. Elles sont en effet passées à l’action et ont contribué à mettre en place des mesures d’adaptation et à livrer des ressources aux élèves qui ne disposent pas de la technologie nécessaire. Sans ces personnes, les élèves qui n’ont pas les ressources pour apprendre en ligne seront laissés à eux-mêmes.
Pour un trop grand nombre d’enfants dans l’ensemble du Canada, l’école était le lieu où ils se sentaient en sécurité. Maintenant, confinés à la maison ou même sans abri, les enfants qui vivent dans la pauvreté ou dans des milieux violents ont perdu un de leurs rares refuges. C’est pourquoi il est essentiel, en cette période de crise, qu’ils puissent se tourner vers les personnes auxquelles ils font le plus confiance : leurs enseignantes ou enseignants et le personnel de soutien à l’éducation.
Même à distance, les professionnelles et professionnels de l’éducation peuvent jouer un rôle fondamental en veillant à ce que nos enfants les plus vulnérables aient une bouée de sauvetage à laquelle s’accrocher. Ne la retirons pas quand ils en ont le plus besoin.
C’est pour cette raison que nous prions tous les gouvernements du Canada de travailler avec les professionnelles et professionnels dévoués de l’éducation et leurs syndicats pour arriver aux solutions dont nos enfants et nos jeunes ont besoin en ces temps extraordinaires. Ce n’est pas le moment de les abandonner.
Informations contextuelles
Shelley L. Morse est la présidente de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (CTF/FCE), la voix nationale de la profession enseignante. Alliance nationale d’organisations provinciales et territoriales, la CTF/FCE représente plus de 300 000 enseignantes et enseignants des écoles élémentaires et secondaires au Canada. Elle est également membre de l’Internationale de l’Éducation, la fédération mondiale d’organisations nationales de l’enseignement réparties dans 173 pays.
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