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Instruire les filles, c’est instruire le pays

| Développement international, Équité entre les genres, Littératie, Pauvreté

La Semaine du développement international (SDI) vise à faire connaître le développement international et l’importante contribution des Canadiennes et Canadiens à ce développement par la voie de partenariats à l’étranger. En 2023, la SDI, qui se déroulera du 5 au 11 février, mettra surtout en lumière ce que le Canada fait dans des secteurs particulièrement importants, comme l’éducation et l’égalité des genres.

« Personne n’aura de pouvoir sur moi. Je serai maîtresse de ma vie… L’éducation me permettra d’atteindre mon but, celui de devenir médecin. »

Pour Jessica*, qui est âgée de 16 ans et vit au Serere, dans la région de Teso, dans l’Est ougandais, l’éducation est la passerelle qui la mènera à la vie qu’elle désire. Jusqu’à récemment, elle n’aurait même pas pu envisager cette possibilité pour une raison bien simple, mais incontournable : c’est une fille.  

En Ouganda, la plupart des filles sont confrontées à d’innombrables obstacles dès lors qu’elles veulent poursuivre des études, faire carrière, bref prendre leur vie en main. Trop souvent, on estime que leur place est à la maison et que leur rôle se cantonne à prendre soin de la famille et à élever leurs enfants. Cela dit, ces dernières années, sous l’effet d’une action collective, les choses commencent à changer. Malheureusement, au printemps de 2020, la pandémie de COVID-19 a stoppé brutalement ces progrès et il a fallu attendre jusqu’à aujourd’hui, près de trois ans plus tard, pour que le travail en faveur de l’équité entre les sexes redémarre enfin.

Les difficultés de la pandémie

En Ouganda, pour lutter contre la pandémie, le gouvernement a complètement fermé les écoles, privant d’instruction plus de 15 millions d’élèves. De fait, l’Ouganda, dont les écoles sont restées fermées presque deux ans, a remporté le record mondial à cet égard.

L’absence de connectivité à Internet rendait l’apprentissage en ligne impossible. Le seul moyen dont disposaient le corps enseignant pour donner ses leçons et les élèves pour les entendre était la radio. Cependant, outre le fait qu’il n’y avait pas de postes de radio partout, les élèves, dans leur majorité, n’étaient pas tous et toutes en mesure d’en capter les émissions. Souvent, ces jeunes ont dû aller travailler pour soutenir leurs familles financièrement ou alors rester à la maison pour s’occuper de leurs petits frères et sœurs.

Chez certaines filles ou jeunes femmes, la fermeture des écoles a entraîné des bouleversements que l’éducation aide normalement à prévenir. C’est ce qui est arrivé à Patricia*, qui est tombée enceinte pendant la pandémie. Maintenant mère, la jeune fille de 18 ans, du district de Ngora, également dans la région de Teso, a pensé qu’elle n’allait plus pouvoir retourner à l’école. Le projet Simameni lui permet de le faire et élargit ses perspectives d’avenir.

Simameni : Se tenir debout

Lancé au début de 2020, le projet Simameni a pour objectif non seulement de faire valoir l’avantage d’instruire les filles ougandaises au-delà du primaire, mais aussi d’améliorer les conditions dans les écoles afin que les filles s’y sentent plus en sécurité et bien accueillies dans un milieu qui reconnaît l’égalité des sexes.

Le projet Simameni, (« se tenir debout » en swahili) intervient dans 24 écoles des régions de Teso et de l’Ouest ougandais. Soutenue par Affaires mondiales Canada, la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (CTF/FCE) travaille en collaboration avec son partenaire de longue date, le Uganda National Teachers’ Union (UNATU), pour faire du projet Simameni un moteur de changement dans les collectivités. Et le principal changement consiste à amener les communautés à voir autrement l’instruction des filles.

Group photo with Sandy and UNATU.
Sandy Plamondon, agente de programme de la CTF/FCE, est photographiée aux côtés de ses collègues du UNATU devant leurs bureaux à Kampala, en Ouganda.

Bien que ce projet quinquennal ait commencé il y a presque trois ans, en raison des restrictions imposées pendant la pandémie, l’agente de programme de la CTF/FCE responsable de Simameni, Sandy Plamondon, a dû attendre septembre 2022 pour retourner en Ouganda. Avec ses collègues du UNATU, elle a visité la moitié des écoles soutenues par le projet afin d’évaluer les progrès. Ensemble, tout ce monde a relancé le projet en planifiant et en menant à bien des activités de formation du personnel enseignant sur la prévention de la violence contre les femmes à l’école et en mettant en œuvre des stratégies pour que les milieux d’instruction que sont les classes et les écoles tiennent mieux compte des besoins des élèves de sexe féminin.

Au cours de ses visites, Sandy Plamondon a pu constater les progrès réalisés malgré les difficultés de la pandémie. « Pendant les visites, l’équipe de Simameni a pu apprécier à quel point les élèves et le personnel scolaire étaient fiers des progrès faits dans leurs écoles, se rappelle Sandy. D’entendre leurs histoires de changement et de voir de mes yeux le chemin parcouru et les obstacles qui restent à surmonter a été pour moi une grande leçon d’humilité. »

Dans toutes les écoles, les améliorations sont aussi variées qu’elles sont bienvenues.

« Grâce à la formation que nous avons reçue dans le cadre du projet Simameni, nous avons pu améliorer l’infrastructure de notre école », explique l’enseignante Lydia Nakirya. Son école secondaire, située dans la région de l’Ouest, dispose maintenant d’installations qui assurent entre autres un accès à l’eau et de meilleures conditions d’hygiène.

Dans une autre école, le personnel a mis en œuvre diverses stratégies pour changer la culture.

Dans la région de Teso, les enseignantes et enseignants d’une école secondaire ont adopté une stratégie axée sur l’équité entre les sexes qui a permis de renforcer la sécurité et le bien-être des élèves aussi bien à l’école qu’à l’extérieur. Entre autres, cette stratégie a mené à des activités pour encourager les filles à assumer des rôles de direction et au recrutement de femmes pour arriver à une représentation plus équilibrée des sexes dans l’effectif.

« Le projet Simameni fait souffler un vent de changement positif dans nos communautés. Certes, il reste beaucoup à faire, mais nous continuons d’avancer avec enthousiasme », affirme Filbert Baguma, secrétaire général du UNATU.

D’un obstacle à l’autre, nous parviendrons au but 

Malgré les progrès indéniables réalisés avec Simameni, les élèves et les membres du corps enseignant continuent de se heurter à des obstacles. Il reste difficile d’accéder à l’eau et cela pose des problèmes de sécurité, car les élèves doivent souvent marcher de longues distances sans accompagnement pour aller chercher de l’eau au puits communautaire. De plus, en raison de la grande pauvreté qui règne dans les régions de Teso et de l’Ouest ougandais, les filles doivent bien souvent rester à la maison pour aider leurs familles. Parfois, des filles acceptent d’avoir des relations dangereuses avec des hommes plus âgés en échange de nourriture. Même lorsqu’elles sont à l’école, un endroit où elles devraient se sentir en sécurité, elles peuvent être victimes de violence en raison de leur sexe. Enfin, comme on l’a vu pendant la fermeture des écoles, les grossesses et les mariages précoces ont augmenté chez les adolescentes.  

Pour faire tomber ces obstacles, certaines écoles offrent aux élèves qui habitent loin de rester en pension à l’école. D’autres écoles ont trouvé des moyens novateurs de recueillir des fonds pour couvrir les frais de scolarité, les pensions et les repas. Certaines ont aussi commencé à diffuser les connaissances qu’elles ont acquises lors d’ateliers sur la gestion de l’hygiène menstruelle auprès des élèves et même auprès des écoles primaires voisines.  D’autres encore ont mis la priorité sur l’accès à l’eau en installant une pompe dans la cour de l’école pour aider à améliorer l’hygiène dans les toilettes, les salles de bain et les dortoirs.

« Nous avons encore beaucoup de difficultés à surmonter et nos progrès restent encore très modestes, mais nous sommes bel et bien engagés sur la voie qui mènera notre communauté à l’autonomie », affirme une enseignante principale avec conviction. 

Heureusement, il est prévu que le projet Simameni se poursuivra jusqu’à la fin de 2025. Il reste du temps pour avancer, une fille à la fois.

Pour obtenir plus d’information sur le projet Simameni, veuillez communiquer avec Sandy Plamondon.

*Veuillez noter que nous avons changé les noms par souci de confidentialité.

La Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants

Fondée en 1920, la CTF/FCE est une alliance nationale d’organisations provinciales et territoriales de l’enseignement qui représentent plus de 365 000 membres du corps enseignant et autres travailleurs et travailleuses du secteur de l’éducation au Canada. Elle est également affiliée à l’Internationale de l’Éducation, qui représente plus de 32 millions d’éducateurs et éducatrices.

Contact avec les médias

Andrew King
Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (CTF/FCE)
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Cellulaire : 819-213-7847 

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