Vive la francophonie!
C’est en entendant récemment la première ministre de l’Ontario présenter des excuses officielles à la communauté franco-ontarienne que j’ai vraiment compris les défis que doivent relever les francophones en milieu minoritaire. La première ministre Wynne s’est excusée pour un règlement de 1912 qui, pendant plus de dix ans, a rendu illégal l’enseignement en français dans les écoles de l’Ontario. L’adoption du Règlement 17 a empêché toute une génération de recevoir son éducation dans sa langue maternelle. Même si le personnel enseignant, les écoles et même les élèves qui enfreignaient la règle s’exposaient à des sanctions, bon nombre d’enseignantes et enseignants ont continué d’instruire leurs élèves dans la langue de Molière.
Dans la basse-ville d’Ottawa, par un matin froid de janvier 1916, un groupe de femmes, pour la plupart des mères de famille, ont pris d’assaut l’école élémentaire Guigues et participé à ce que l’on appelle aujourd’hui la « bataille des épingles à chapeaux ». C’est ainsi que des enseignantes et des mères armées de ciseaux et d’épingles à chapeaux ont commencé le long siège de « l’école de la résistance » en montant la garde à l’entrée de l’école Guigues pour empêcher les inspecteurs et inspectrices d’école, et les représentantes et représentants du gouvernement d’entrer. Tout comme les mères qui se sont unies pour défendre l’école, les enseignantes ont fait preuve d’un dévouement et d’un courage exceptionnels pendant cette lutte qui avait pour but d’assurer aux élèves franco-ontariens une éducation en français.
J’ai entendu dire que de nombreuses régions du Canada ont aussi connu ce genre de loi et d’évènements.
En ce mois de mars, mois de célébration de la francophonie, je porte un regard admiratif sur les personnes qui ont travaillé d’arrache-pied pour défendre et préserver leur langue et leur culture tout en vivant dans des milieux où le français est une langue minoritaire et, dans certains cas, parlée par quelques personnes seulement. Il est enviable de pouvoir parler plus d’une langue. Mes pensées me reportent à mon propre parcours et à celui de ma famille immédiate, nous qui nous sommes efforcés d’apprendre une langue seconde.
J’ai toujours voulu être en mesure de parler l’autre langue officielle de ma province d’origine, le Nouveau-Brunswick, et du Canada. Ayant grandi dans une communauté où sont parlées les deux langues officielles, je comprends assez bien le français et connais certaines expressions françaises. Quarante ans après la fin de mes études secondaires, je saisis encore aujourd’hui l’occasion d’atteindre mon but, soit parler français plus couramment.
Tandis que je poursuis mon mandat de présidente de la FCE, je suis déterminée à servir de mon mieux tous les membres de nos organisations Membres et ce, dans leur langue maternelle, que cette langue soit l’anglais ou le français. Mon mari Eric, qui a une double majeure en français et en anglais, et moi avons veillé à ce que nos trois enfants puissent apprendre le français.
Je pense que leur capacité de parler anglais et français a ouvert à nos enfants de nombreuses portes, même si leurs niveaux d’aisance respectifs diffèrent. Ils ont appris la base à l’école, puis ont saisi ou créé des occasions d’utiliser le français en dehors du cadre scolaire.
L’éducation continue de jouer un rôle déterminant.
Organisation bilingue, la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants défend et soutient l’éducation en français en milieu minoritaire depuis des décennies. Cela fait partie de sa raison d’être.
C’est par l’intermédiaire des Services aux francophones de la FCE qu’une vaste gamme de ressources pédagogiques ont été élaborées en réponse aux besoins du personnel enseignant et des élèves en milieu minoritaire francophone. Par exemple, l’un de nos derniers outils offerts en ligne aux enseignantes et enseignants, intitulé la Pédagogie à l’école de langue française (PELF), est né du désir de la communauté francophone de se doter d’une pédagogie propre au contexte minoritaire. Les ministères de l’Éducation de l’ensemble des provinces et territoires où le français est la langue de la minorité se sont naturellement tournés vers la FCE pour réaliser cet ambitieux projet.
Le site de la PELF, pelf.ca, présente des « trajectoires de formation » pour le personnel enseignant qui souhaite être guidé dans son apprentissage ainsi que des « moments pédagogiques » pour les personnes qui préfèrent découvrir cette pédagogie de façon plus intuitive. Un « espace personnel » réservé aux enseignantes et enseignants des écoles de langue française canadiennes où le français est la langue de la minorité leur permet, d’une part, d’organiser leur apprentissage et, d’autre part, d’échanger avec des collègues de partout au Canada s’ils le désirent.
La PELF marque une étape dans l’évolution de l’éducation en français en contexte minoritaire au Canada. Elle tient compte de la réalité des jeunes francophones d’aujourd’hui et se fonde sur les recherches les plus concluantes dans le domaine. Nous souhaitons qu’elle ait l’effet rassembleur attendu afin que la francophonie continue de s’affirmer et de prendre la place qui lui revient.
Bonne Journée internationale de la Francophonie!