Reconstruire l’éducation publique financée par l’État pour bâtir un Canada meilleur
Quand, il y a presque deux ans, la pandémie a entraîné la fermeture des écoles et forcé la population à porter le masque et à vivre et travailler à distance, la plus grande source d’inquiétude était le virus lui-même. Nous n’avions à l’époque aucune idée des lourdes conséquences que la COVID allait avoir pour nos communautés dans les mois et peut-être même les années à venir.
Aujourd’hui, tandis que nous reculons après avoir commencé — grâce à la vaccination et aux protocoles de sécurité — à sortir de la torpeur dans laquelle la COVID nous avait plongés, il est indéniable qu’une nouvelle normalité s’est installée. On en parle parfois comme de l’« ère de la pandémie ». Or, nous le savons trop bien, l’éducation publique a été à l’épicentre des bouleversements covidiens. Du jour au lendemain, notre compréhension de l’enseignement et de l’apprentissage a volé en éclats. Aussi bien dans les classes qu’à l’extérieur, les routines quotidiennes des élèves, des parents, des enseignantes et enseignants, et des administrateurs et administratrices ont été bousculées.
Le pays a été obligé de procéder à une mutation forcée qui a révélé au grand jour les fissures de nos systèmes sociaux. Certaines problématiques comme la pauvreté, l’équité entre les genres, la santé mentale, la vérité et la réconciliation, et la discrimination raciale ont pris tellement de place que nul ne peut maintenant les ignorer. Dans les circonstances, il est vite devenu évident que le rôle de l’éducation publique financée par l’État n’est plus seulement de préparer les enfants et les jeunes pour l’avenir, mais aussi d’aider à corriger de graves problèmes sociaux.
Je sais à quel point la pandémie a été difficile pour les enseignantes et enseignants, le personnel de soutien à l’éducation, les élèves et leurs familles. Dans bien des régions du pays, le fardeau d’assurer la sécurité sanitaire et l’apprentissage à distance repose sur les épaules de la profession enseignante, une responsabilité que nous assumons avec bonne volonté et fierté, mais que nous ne devrions pas avoir à assumer sans aide. Cela n’est ni raisonnable ni faisable à long terme. D’ailleurs, la réalité est que ce n’est plus faisable depuis un bon moment déjà.
Dans tout le pays, nous avons un corps enseignant épuisé et des systèmes d’éducation publique qui, tels des châteaux de cartes, menacent de s’écrouler tandis que la COVID et, dans son sillage, la maladie mentale sont venues exacerber les problèmes chroniques de sous-financement, de manque de personnel et d’effectifs trop élevés dans les classes. Les choses ne devraient pas être ainsi.
Certains groupes vont jusqu’à dire que le budget consacré à l’éducation publique est excessif. Quand on voit à quel point le personnel enseignant et les autres travailleurs et travailleuses de l’éducation manquent de soutien et sont surchargés, on peut se demander de quoi l’éducation publique aurait l’air dans l’esprit de ces gens si on réduisait encore davantage son financement. L’éducation publique est depuis trop longtemps négligée par les gouvernements qui laissent au personnel scolaire le soin d’appliquer tant bien que mal des solutions temporaires qui ne servent qu’à colmater les fissures. Or, la pandémie a exposé à la vue de tout le monde ces fissures qui fragilisent l’éducation et la société dans leurs fondements. Il était temps d’agir et c’est ce que la CTF/FCE a fait.
Avant les dernières élections fédérales, nous savions que nous avions là une chance de faire de l’éducation un enjeu électoral. Nous avons demandé à la population canadienne ce qu’elle pensait et les réponses que nous avons reçues nous ont à la fois touchés et stimulés. Les personnes qui ont répondu à notre sondage ont, par une très vaste majorité, manifesté leur soutien à l’éducation publique financée par l’État et 90 % de ces personnes ont même indiqué qu’elles considéraient l’éducation publique comme l’une de nos institutions publiques les plus importantes. Chose encore plus étonnante, 91 % ont répondu que le gouvernement fédéral devait veiller à rendre l’éducation publique accessible à tous les enfants.
Forts des résultats de ce sondage, nous avons lancé une campagne d’action politique afin que les grandes problématiques de responsabilité fédérale auxquelles sont confrontés les enseignantes et enseignants, le personnel de soutien à l’éducation, les élèves et leurs familles deviennent des enjeux électoraux. Maintenant que les élections sont derrière nous, le moment est venu de commencer à réparer les fissures sociales et à renforcer les systèmes d’éducation publique. C’est pourquoi la CTF/FCE demande au gouvernement fédéral de créer un groupe consultatif national sur l’éducation publique afin d’arriver à un discours unifié.
Les membres de la profession enseignante, les universitaires et les représentantes et représentants de la société civile participeront au groupe, aux côtés des provinces et des territoires, et s’attaqueront ensemble à divers dossiers, dont les suivants :
- Élaboration de lignes directrices nationales sur l’éducation publique financée par l’État;
- Élaboration de normes nationales de préparation aux situations d’urgence;
- Adoption de mesures législatives pour mettre fin à la privatisation de l’éducation publique financée par l’État;
- Protection et promotion de la langue française en milieu minoritaire;
- Coordination de programmes nationaux pour combattre la pauvreté et le racisme, et faire avancer la vérité et la réconciliation.
Avec tout le poids des organisations membres et affiliées de la CTF/FCE, nous pouvons commencer à redresser le cap. Et même si l’éducation publique ne relève pas directement des instances fédérales, elle fait assurément partie des intérêts fédéraux. Ensemble, nous pouvons faire que nos systèmes d’éducation publique financés par l’État deviennent plus forts, plus inclusifs et plus équitables, et travailler à rebâtir ce que nous avons perdu.
Pour en apprendre davantage sur les priorités de la campagne et plus encore, et pour savoir comment vous pouvez encourager votre gouvernement provincial ou territorial à agir, visitez https://www.voteeducation.ca/fr/.