Quelle sorte d’éducation voulez‑vous pour votre enfant, personnalisée ou standardisée?
La discussion qui change la discussion
En juillet 2017, plus d’une centaine d’enseignantes et enseignants, de représentantes et représentants syndicaux et d’autres personnes qui s’intéressent à l’éducation publique financée par l’État se sont retrouvés au Forum canadien sur l’éducation publique. Cet évènement annuel de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (FCE) a pour but d’élargir et d’approfondir le dialogue sur l’enseignement et l’apprentissage, et d’en accroître la portée afin de contribuer à l’amélioration continue du système pour que tous les enfants et tous les jeunes aient accès à une éducation publique de qualité, financée par l’État. Cette année, le Forum avait pour thème « L’éducation avant les profits ». Tout au long de l’évènement, les personnes participantes et les conférenciers et conférencières ont discuté des menaces de plus en plus nombreuses qui pèsent sur la profession enseignante et l’éducation publique, comme la déprofessionnalisation de l’enseignement et la privatisation de l’éducation au Canada et à l’étranger. Ponctués de nombreux moments de découverte, les deux jours du Forum ont permis aux animateurs et animatrices comme aux personnes participantes d’en apprendre davantage à propos des attaques contre les systèmes d’éducation publique financés par l’État ici au Canada, aux États-Unis et dans d’autres pays (en particulier en Ouganda), et de prendre connaissance des efforts qui sont déployés pour renforcer ces systèmes.
Afin de soutenir les actions individuelles et collectives menées pour renforcer la profession enseignante et l’éducation publique, la FCE a présenté les résultats d’un projet réalisé en collaboration avec l’Alberta Teachers’ Association (ATA), l’Internationale de l’Éducation (dans le cadre du Mouvement mondial de réponse à la privatisation et à la commercialisation de l’éducation) et Graham Brown Martin. Le projet « We the Educators/Nous, Éducateurs et Éducatrices » est à la fois un projet de compilation de données et un catalyseur. Il a pour but de susciter des discussions importantes au sujet des répercussions de la technologie éducationnelle sur la personnalisation, la standardisation, la privatisation et la datafication (ou mise en données) de l’éducation publique, et ce au moyen de vidéos et d’analyses approfondies de la recherche qui s’est faite sur le sujet.
Bonne retraite aux membres suivants du personnel de la FCE!
Alex Davidson, agent du Programme de coopération internationale et de justice sociale
Bernie Froese-Germain, recherchiste, Recherche et Apprentissage professionnel
Athina Lavoie, spécialiste multimédia, Communications
Lynne Richard, adjointe administrative, Recherche et Apprentissage professionnel
Votre présence au bureau va nous manquer, c’est sûr, mais votre excellent travail tout autant. Bref, nous ne sommes pas prêts de vous oublier! Votre contribution a beaucoup aidé la profession enseignante et je vous en suis reconnaissante, de même que de votre constante bienveillance à l’égard de vos collègues. Et maintenant, je vous souhaite une bonne et longue détente bien méritée!
Les courtes vidéos comportent des déclarations qui se veulent provocantes afin de lancer la discussion parce que, comme l’a dit notre collègue Phil McRae, Ph. D., de l’ATA, « la discussion change la discussion ». L’une des déclarations les plus provocantes est ainsi formulée : « Les standards, c’est une bonne chose. La standardisation, ça ne l’est pas. » On emploie ici des termes aussi catégoriques pour susciter une réaction et arriver, du moins nous l’espérons, à de bonnes discussions sur ce que la profession enseignante entend par « standards » et « standardisation », et sur ce que ces deux termes signifient pour les enseignantes et enseignantes, et les élèves. Arrêtons-nous un instant! Si vous avez participé au Forum ou connaissez le projet « We the Educators », que pensez-vous de cette déclaration? Comment définissez-vous le mot « standard »? Et le mot « standardisation »? Enfin, quelles sont, selon vous, les répercussions de ces deux concepts sur les classes, les écoles et les systèmes d’éducation?
Pendant le Forum, j’ai eu le privilège d’animer deux séances de discussion, avec des collègues, sur la personnalisation ou « dépersonnalisation » de l’éducation, à partir des ressources du site « We the Educators ». Ces séances ont permis aux participants et participantes de mieux comprendre comment la technologie éducationnelle peut mener à une dépersonnalisation de l’éducation, dans la mesure où la technologie est offerte, comme c’est souvent le cas, à la place d’une enseignante ou d’un enseignant qualifié pour guider l’apprentissage. Les discussions qui ont eu lieu pendant le Forum ont aussi généré d’excellentes idées d’actions futures et, de fait, d’autres idées de conversation que nous pouvons tous et toutes avoir sur les répercussions de la technologie éducationnelle et, dans le même souffle, la personnalisation, la standardisation, la privatisation et la mise en données de l’éducation et de l’apprentissage. Parmi les idées d’actions figurent les suivantes, à l’intention des organisations Membres de la FCE :
- faire connaître l’outil « We the Educators » aux unités de la province ou du territoire, et aux comités;
- offrir des ateliers à des groupes d’enseignantes et enseignants, de parents, d’écoles ou de conseils ou commissions scolaires en utilisant un ou plusieurs segments des vidéos et de la revue de la littérature pour susciter la discussion et planifier des actions;
- utiliser l’outil pour parler des conditions d’apprentissage optimales pour les élèves.
En plus des idées ci-dessus, d’autres ont été exprimées, cette fois à l’intention de la FCE :
- concevoir un modèle d’atelier à partir de l’outil « We the Educators »;
- créer du contenu à partager dans les médias sociaux et qui mène aux vidéos;
- communiquer avec les facultés d’éducation pour les inviter à utiliser ces ressources dans leurs programmes.
Grâce aux excellents commentaires formulés pendant et après le Forum, les discussions commencent déjà à changer. La FCE continuera d’appuyer les enseignantes et enseignants pour qu’ils dirigent les discussions sur la profession, l’enseignement et l’apprentissage. Pour la FCE, il est impératif que la voix des enseignantes et enseignants et, évidemment, des porte-paroles des organisations de l’enseignement, soit entendue dans toutes les discussions au sujet de l’avenir de l’éducation publique. Nous ne pouvons pas laisser le secteur privé et d’autres parties externes mener le dialogue et l’élaboration des politiques à ce sujet. Nous sommes des professionnelles et professionnels déterminés à améliorer les choses pour le bien des élèves et de notre profession. Poursuivons la discussion. Alors, quelle sorte d’éducation voulez-vous pour votre enfant?