Pour résoudre la crise de la désinformation, il faut prendre l’habitude de vérifier les faits
Le Canada est un chef de file mondial de la littératie médiatique depuis déjà des dizaines d’années. Le monde médiatique a cependant changé au fil du temps. Aujourd’hui, n’importe qui peut créer et répandre de fausses images, de fausses vidéos, de faux sites Web et de faux comptes de médias sociaux, et toutes et tous, nous courons le risque d’empirer les choses en partageant ces fausses informations avec notre entourage.
Les Canadiennes et Canadiens reconnaissent que la désinformation est un grave problème. En effet, une récente étude d’HabiloMédias a révélé que ce problème constituait la principale source d’inquiétude des parents en ce qui concerne la vie en ligne de leurs enfants, avant même la cyberintimidation et les cyberprédateurs. Selon un rapport de recherche publié par l’Autorité canadienne pour les enregistrements Internet en février dernier, 75 % des Canadiens et Canadiennes tombent au moins parfois sur de fausses nouvelles et 70 % craignent que celles-ci aient une incidence sur les résultats des prochaines élections fédérales. La difficulté n’est pas seulement de démentir les fausses informations, mais d’arriver à distinguer le vrai du faux, ce qui représente tout un défi et laisse souvent les jeunes Canadiens et Canadiennes cyniques face aux sources d’information, qu’elles soient fiables ou non. Par conséquent, ces « natifs du numérique » ne font plus confiance à la technologie en réseau avec laquelle ils ont grandi pour trouver de l’information, ou alors ils prennent l’information sans la vérifier en se croisant les doigts pour que tout aille bien. Cela fait d’eux des proies faciles pour les arnaqueurs, les théoriciens du complot et les campagnes de désinformation populaire planifiée de l’industrie.
Pour régler ce problème, nous devons non seulement enseigner aux jeunes du Canada comment vérifier ce qu’ils trouvent en ligne, mais également leur donner l’habitude de le faire. Or, pour que quelque chose devienne une habitude, comme boucler sa ceinture en voiture, il faut pouvoir le faire vite et facilement chaque fois. Le programme FAUX que ça cesse, d’HabiloMédias, qui comprend un atelier, des plans de leçon, des fiches-conseils et des documents d’intérêt public, propose quatre étapes pour vérifier l’information en ligne. Souvent, une seule étape suffit et chacune prend habituellement moins d’une minute :
- utiliser des outils de vérification des faits;
- consulter d’autres sources;
- trouver la source originale;
- vérifier la source.
Le moyen le plus facile de vérifier l’information est d’utiliser des outils de vérification des faits et de voir si quelqu’un a déjà fait le travail pour vous. Un site de vérification des faits comme Snopes peut vous dire en moins de 30 secondes si une information a été démentie ou confirmée. Mais nous pouvons aussi ratisser plus large et consulter d’autres sources, par exemple la plateforme Actualités de Google ou un outil collaboratif tel que Wikipédia, pour en savoir davantage sur le contexte de l’histoire et le consensus autour de celle-ci. Des sources fiables s’entendent-elles pour dire que la chose s’est vraiment produite? Rapportent-elles à peu près les mêmes informations? Ce que vous avez vu correspond-il aux opinions générales des spécialistes du domaine?
Non seulement nous avons besoin de nouveaux outils pour vérifier ce que nous trouvons en ligne, mais nous devons nous méfier des vieux outils qui peuvent parfois nous faire faire fausse route. S’il suffit d’un simple coup d’œil pour voir la différence entre le New York Times et le National Enquirer, il n’en va pas de même pour les gazouillis, les messages sur Facebook et les résultats de recherche sur Google qui ont tous la même allure. Les réseaux sociaux empirent les choses en donnant plus d’importance à la personne qui a partagé l’information qu’à la source de cette information. Au lieu de juger une information en fonction de la personne qui l’a partagée, prenons 30 secondes pour trouver la source originale. Si nous doutons de la fiabilité de celle-ci, un moteur de recherche ou Wikipédia nous aideront à la vérifier. Cette source a-t-elle tendance à confirmer une information avant de la publier, et à corriger les erreurs quand elle en fait? Si une personne est censée être une experte, est-elle experte dans le bon domaine?
La désinformation est un grave problème, mais c’est un problème que nous pouvons résoudre. En suivant quelques étapes simples et rapides pour vérifier ce que nous trouvons en ligne — et en prenant l’habitude de le faire chaque fois que nous voulons partager quelque chose ou y donner suite —, nous contribuons à mettre fin à la propagation de fausses nouvelles. Parce que la désinformation, il FAUX que ça cesse.
Faites venir le programme FAUX que ça cesse dans votre classe! La Semaine éducation médias a lieu du 7 au 11 octobre. HabiloMédias vous offre gratuitement des plans de leçon, des ateliers, des documents à distribuer et d’autres ressources pour aider les élèves à apprendre à reconnaître les vraies informations en ligne. Visitez le site http://habilomedias.ca/impliquez-vous/semaine-%C3%A9ducation-m%C3%A9dias pour en savoir plus.
Matthew Johnson, directeur de l’éducation, HabiloMédias