L’équité entre les sexes, l’éducation et les Objectifs de développement durable
Comme le Partenariat mondial pour l’éducation le dit, d’importants progrès ont été réalisés à l’échelle mondiale depuis 15 ans (la période ciblée par les objectifs du Millénaire pour le développement) sur le plan de la parité hommes-femmes en éducation, et plus particulièrement en ce qui concerne l’augmentation du taux d’inscription des filles à l’école primaire et du nombre de filles qui terminent leurs études primaires.
Cependant, de grands obstacles à l’égalité entre les sexes persistent, par exemple les stéréotypes et le sexisme présents dans les programmes d’enseignement, les manuels scolaires, l’apprentissage professionnel du personnel enseignant et les pratiques pédagogiques, ainsi que la violence sexiste en milieu scolaire. Le Partenariat nous rappelle également que « certains enjeux cruciaux discriminants dans la vie des enfants dont le mariage, les grossesses précoces, le travail infantile, la sous-alimentation et l’état de santé ainsi que les croyances et pratiques sociales négatives, continuent d’avoir de graves répercussions sur les possibilités des filles et des garçons de s’instruire et sur les résultats de l’éducation qui leur est dispensée ».
www.globalpartnership.org/fr/content/politique-et-strategie-sur-legalite-entre-les-sexes-2016-2020
Les soi-disant écoles privées à faibles frais de scolarité représentent elles aussi une menace pour l’équité entre les sexes dans plusieurs pays en développement. Selon Prachi Srivastava, professeure agrégée à l’École de développement international et mondialisation de l’Université d’Ottawa, [traduction libre] « étant donné le coût total des écoles privées à faibles frais de scolarité, la plupart des familles défavorisées sont confrontées à la dure nécessité de choisir qui envoyer à l’école. Ce choix favorise le plus souvent les garçons et aggrave les inégalités entre les sexes. Les enfants issus d’une minorité ethnique, d’une caste inférieure ou d’une famille faisant partie de la tranche des 20 % des familles les moins bien nanties ont un accès limité à ces écoles. »
https://www.theguardian.com/global-development-professionals-network/2015/aug/12/low-fee-private-schools-poverty-development-economist
Comme on pouvait s’y attendre, l’éducation et l’équité entre les sexes sont étroitement liées et se renforcent mutuellement. En effet, l’éducation est importante pour atteindre l’équité entre les sexes, et l’équité entre les sexes est importante pour atteindre l’objectif d’une éducation pour tous et toutes. De plus, elles sont toutes deux indispensables à l’atteinte des autres Objectifs de développement durable, dont la réduction des inégalités dans les pays et d’un pays à l’autre. Dans son document intitulé Politique sur l’égalité entre les sexes et stratégie 2016-2020, le Partenariat mondial pour l’éducation explique que,
comme la communauté mondiale le constate de plus en plus, l’éducation est un vecteur fondamental de l’égalité entre les sexes, car elle procure aux filles et aux garçons les compétences, les connaissances et les aptitudes de base requises pour travailler, exercer un leadership, assurer sa subsistance, et accroître son influence et son autonomie. L’égalité entre les sexes est aussi indispensable à l’atteinte des objectifs en matière d’éducation qui sont à la base du développement durable. Selon les experts, l’éducation et la croissance économique sont les deux objectifs de développement durable (ODD) les plus essentiels à l’atteinte des autres objectifs, et dans un rapport récemment publié par le Fonds monétaire international, on insiste sur l’effet déterminant de l’égalité entre les sexes sur la croissance économique. Investir dans l’éducation et dans la parité entre les sexes est donc rentable tant dans une perspective privée que publique, car on appuie ainsi le développement économique et social tout en favorisant une plus grande justice sociale mondiale et le respect des droits de la personne. Les avantages créés profitent aussi bien aux particuliers, aux familles et aux collectivités qu’à la société dans son ensemble.
www.globalpartnership.org/fr/content/politique-et-strategie-sur-legalite-entre-les-sexes-2016-2020
Dans le mémoire qu’elle a présenté en réponse au Document de consultation : Examen de l’aide internationale d’Affaires mondiales Canada (AMC) en juillet 2016, la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (FCE) appuie la promotion de l’équité entre les sexes et l’application d’une perspective féministe aux activités d’aide internationale du Canada. Elle appuie aussi fortement l’alignement du futur cadre de développement du Canada sur le Programme 2030 et les Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies, dont deux concernent précisément l’égalité entre les sexes (objectif 5) et l’éducation (objectif 4).
https://www.ctf-fce.ca/Research-Library/Renforcer_l_aide_internationale_du_Canada_par_l_education-memoire.pdf
Après avoir reçu plus de 10 000 communications écrites et mené des consultations dans le cadre du processus d’examen, AMC a publié en décembre 2016 un rapport sommaire intitulé Ce que nous avons entendu, dans lequel se retrouvent des thèmes fréquemment soulevés, dont l’application d’une perspective féministe aux activités d’aide internationale, l’adoption d’une approche du développement fondée sur les droits de la personne et l’alignement des efforts de développement du Canada sur le Programme 2030 et les ODD.
La FCE a aussi trouvé encourageant qu’AMC mette l’accent sur l’éducation, plus particulièrement en ce qui concerne le besoin, pour AMC :
- de faire de l’éducation une priorité compte tenu de son rôle crucial dans le respect des droits de la personne et la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030;
- de mettre à profit le savoir-faire canadien pour contribuer à renforcer les systèmes d’éducation dans les pays en développement;
- de jouer un rôle de premier plan à l’égard de l’autonomisation des filles et de la promotion de l’égalité entre les sexes dans le secteur de l’éducation et par l’éducation, en ayant recours par exemple à des initiatives ciblées pour éliminer les obstacles à la participation.
http://international.gc.ca/world-monde/development-developpement/iar-consultations-eai/report-rapport.aspx?lang=fra
Affaires mondiales Canada a l’intention de rendre publique la nouvelle politique canadienne d’aide internationale cet hiver et de la mettre en œuvre d’ici le printemps 2017. La FCE surveillera de près l’évolution de ce dossier au cours des prochains mois en veillant à ce que l’éducation et l’équité entre les sexes fassent partie intégrante des futures activités d’aide internationale du Canada.