La technologie, la formation pédagogique et le soutien pendant la pandémie et au-delà
Lorsque l’année scolaire 2019-2020 a débuté, les membres de la Fédération des enseignantes et des enseignants de l’élémentaire de l’Ontario (FEEO) se préparaient à faire face à un conflit de travail comme cela ne s’était pas vu depuis l’époque de Mike Harris. Qui aurait bien pu prédire les évènements du mois de mars et la fermeture des écoles du Canada pour le reste de l’année scolaire? Pour beaucoup d’enseignantes et enseignants, passer à l’apprentissage à distance « en ligne », un modèle qui requiert un accès à Internet et aux technologies pour enseigner, évaluer et soutenir les élèves, voulait dire s’aventurer en territoire inconnu.
La question de la technologie n’est pas nouvelle dans les écoles élémentaires et secondaires publiques. Les conseils scolaires de l’Ontario et leurs homologues dans bon nombre de régions du Canada s’emploient à intégrer les technologies dans les salles de classe depuis des dizaines d’années. Les ordinateurs portatifs de type Chromebook, les iPads ainsi qu’un éventail de plateformes en ligne font partie de la « nouvelle normalité » dans de nombreuses écoles.
Avec des modèles d’apprentissage à distance et en salle de classe maintenant bien en place, bon nombre de familles se tournent vers les plateformes d’apprentissage en ligne, d’autant plus que la menace d’une deuxième fermeture des écoles plane toujours. De leur côté, les enseignantes et enseignants s’adaptent aux nouvelles réalités, sans toutefois savoir ce que l’ère postpandémie leur réservera. Les rigueurs de l’enseignement, le besoin de bâtir les liens avec les élèves, le fait d’enseigner à différents niveaux et le nouveau programme-cadre de mathématiques en Ontario sont autant de facteurs qui font partie de la donne.
L’apprentissage en ligne est-il le dernier phénomène marquant du XIXe siècle? Un rapport de 2015 de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) montre que l’apprentissage ne s’est pas vraiment amélioré depuis l’arrivée des technologies en salle de classe. Le livre Teachers vs Tech, le plus récent ouvrage de Daisy Christodoulou, explore les raisons pour lesquelles la technologie en éducation n’a pas mené à une plus grande utilisation des technologies par le personnel enseignant. Prenons par exemple la décision de 2013 du conseil scolaire unifié de Los Angeles de dépenser 1,3 milliard de dollars américains pour acheter des iPads. Moins de deux ans après le lancement de cette initiative, toutes les écoles sauf deux avaient abandonné l’utilisation des appareils en classe. La sécurité en ligne, le manque de lignes directrices du programme d’études concernant l’utilisation des iPads et le manque de formation du personnel enseignant figurent parmi les raisons qui ont conduit les écoles à abandonner l’idée.
Daisy Christodoulou soutient que les technologies ont leur place en classe, en particulier dans le cadre de l’enseignement direct, mais que le savoir-faire et le jugement professionnel des enseignantes et enseignants doivent être au premier plan de l’adoption des technologies. Il semble pourtant que l’apprentissage à distance et les technologies en ligne fassent maintenant partie de notre réalité et soient là pour rester.
En 2017, nous (Bev Fiddler et Mike Clarke) avons lancé un projet axé sur les technologies et financé par le Programme d’apprentissage et de leadership du personnel enseignant (PALPE) de l’Ontario, qui prévoyait l’achat d’iPads. En collaboration avec des enseignantes et enseignants de 1re et de 2e année de notre école, nous avons utilisé le programme-cadre de mathématiques, des plans de leçon et les iPads pour soutenir l’apprentissage dans le cadre de l’enseignement direct. Nous nous sommes aussi servis d’un programme d’évaluation (IXL) pour évaluer l’apprentissage des élèves et avons créé un cahier de travail convivial à l’intention des enseignantes et enseignants pour faciliter l’apprentissage des mathématiques à toutes les années. Les objectifs de notre projet, tels que nous les avions présentés dans notre demande de subvention au PALPE, étaient les suivants : en apprendre davantage sur l’utilisation des iPads et des technologies en classe, et transmettre nos nouvelles connaissances à nos collègues.
Tout au long du projet, il nous a fallu approfondir notre compréhension de certaines applications de mathématiques. Certaines visent plus d’un domaine d’étude, parfois jusqu’à trois, et la plupart visent plus d’une année. Il nous a fallu créer des plans de leçon et des stratégies d’enseignement pour aider les enseignantes et enseignants à utiliser les iPads comme outils d’apprentissage.
L’un de nos objectifs était d’élaborer un cahier de plans de leçon qui accompagnerait le cahier de travail. Les fonctions de capture d’écran et de voix hors champ pour enseigner les concepts contenus dans une application sont faciles à utiliser pour les enseignantes et enseignants, et intéressantes pour les élèves. En outre, Google Classroom permet de publier facilement des vidéos et de les mettre à la disposition des élèves qui ont accès à un appareil et à Internet.
Les enseignantes et enseignants étant maintenant plus nombreux à recourir à des méthodes d’enseignement en ligne, il y aura de plus en plus de leçons et d’activités sous diverses formes. Notre cahier de travail évoluera à mesure que d’autres personnes y contribueront. L’apprentissage synchrone pourrait s’imposer en raison de la pandémie, et la collaboration entre collègues demeure essentielle à son succès et au bien-être des éducateurs et éducatrices. En effet, les élèves n’utilisent pas tous les technologies avec le même degré d’expérience, d’accès et d’aisance. Les efforts en faveur de l’intégration des appareils technologiques en salle de classe et des plateformes en ligne ne profiteront pas aux élèves si les enseignantes et enseignants ne reçoivent pas le soutien dont ils ont besoin. Aucune donnée scientifique ne montre que les technologies sont une panacée contre les écarts de rendement et le faible engagement des élèves. Le succès doit passer par une planification minutieuse, un soutien adéquat et un apprentissage partagé du personnel éducatif.