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La santé mentale et la problématique hommes-femmes

| Équité entre les genres, Santé mentale, Violence

L’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) dit de la violence contre les femmes et les enfants qu’il s’agit d’un problème majeur de santé mentale qui a une incidence sur l’ensemble de la société. Elle ajoute que « cette réalité entraîne, sur le plan social, le besoin de traitements et de soins pour les victimes, à tout moment et tout au long de leur vie ».

Si tous les problèmes de santé mentale ne sont pas forcément liés à la violence, les personnes qui ont été témoins ou victimes de violence sont plus susceptibles de souffrir de problèmes de santé mentale par la suite. La Fondation canadienne des femmes indique que, selon les statistiques, les victimes de violence peuvent être des hommes ou des femmes, mais que celles-ci sont plus souvent la cible d’actes violents. Elle affirme en outre que la moitié des femmes ont été victimes d’au moins un acte de violence physique ou sexuelle depuis l’âge de 16 ans. C’est bien de nos filles et de nos femmes que nous parlons!

Jour après jour, les enseignantes et enseignants accueillent des élèves de tous les horizons, dont bon nombre portent les marques psychologiques de la violence qu’ils ont vécue à la maison ou ailleurs, ou encore dont certains, nouveaux venus au Canada, ont fui leur pays en guerre.

La Fondation affirme en outre que la moitié des femmes ont été victimes d’au moins un acte de violence physique ou sexuelle depuis l’âge de 16 ans.

Statistique Canada estime à 5 032 183 le nombre d’élèves dans nos écoles, de la maternelle à la 12e année. Pensez aux millions d’interactions qui se déroulent pacifiquement, au quotidien, entre les élèves eux-mêmes et entre les élèves et le personnel enseignant, des interactions qui, évidemment, passent sous le radar des médias! Si les enseignantes et enseignants du Canada vous diront que nos écoles publiques sont relativement sûres, ils n’estiment pas moins nécessaire de redoubler d’efforts pour que nos écoles restent parmi les plus sûres et les plus bienveillantes du monde.

Derrière le portrait médiatique des femmes et des filles, souvent négatif et hypersexualisé, se cache une forme de violence insidieuse qui incite à d’autres violences, comme le viol et l’humiliation, et qui a un effet sur les jeunes et les enfants. Ce portrait ne mine pas seulement l’image que les filles et les jeunes femmes ont d’elles-mêmes, mais il influence aussi les garçons et les jeunes hommes dans leur façon d’interagir avec les personnes de l’autre sexe. Les assassinats et disparitions de femmes autochtones au Canada sont des manifestations consternantes d’une violence raciale et sexuelle qui fait maintenant l’objet d’une commission d’enquête nationale.

Le problème de la violence des élèves à l’endroit du personnel enseignant gagne en importance. Il en a d’ailleurs été question au récent Forum canadien sur l’éducation publique organisé par la FCE en juillet dernier. Les organisations Membres signalent qu’un nombre grandissant d’enseignantes et enseignants craignent de devenir les prochaines victimes des menaces, des gestes d’intimidation et de la violence de certains élèves.

Le problème de la violence des élèves à l’endroit du personnel enseignant gagne en importance.

Souvent, les élèves qui se permettent ce genre d’agissement sont eux-mêmes ou elles-mêmes victimes de mauvais traitements et coincés dans le cercle vicieux de la violence. De toute évidence, ces jeunes et d’autres ont un besoin urgent de soutien professionnel en santé mentale, un soutien que les écoles ont généralement du mal à offrir à en juger par les résultats du sondage mené en 2011 par la FCE auprès du personnel enseignant (PDF, 500 Ko) sur cette question.

Outre le fait qu’il n’a guère de soutien de spécialistes et n’a pas lui-même de formation dans ce domaine, le personnel enseignant travaille dans un contexte d’austérité budgétaire qui limite les ressources pédagogiques dont il peut disposer, ainsi que les budgets et l’effectif professionnel des écoles. Et comme, pendant ce temps, le nombre d’élèves par classe augmente, les enseignantes et enseignants ont moins de temps à consacrer à chaque élève. Cette préoccupation a été soulevée par 95 % des 8 000 enseignantes et enseignants qui ont répondu au sondage de la FCE de 2014 et qui se sont dits soucieux de ne pas avoir le temps de répondre aux besoins éducatifs de leurs élèves.

Tous les facteurs mentionnés plus tôt agissent sur l’état de santé mentale des enseignantes et enseignants, et cela peut avoir un effet sur l’apprentissage. Une étude réalisée en 2016 par l’Université de la Colombie-Britannique (en anglais) montre un lien possible entre l’épuisement professionnel chez le personnel enseignant et les niveaux de stress chez les élèves. La question qui se pose est de savoir : qu’est-ce qui est venu en premier, l’œuf ou la poule?

Violence familiale

Une autre forme de violence qui a un effet dévastateur sur la santé mentale des femmes et des enfants est la violence familiale (qui comprend la violence « conjugale »).

L’enquête nationale sur la violence conjugale et le milieu de travail réalisée en 2014 par l’Université de Western Ontario en collaboration avec le Congrès du travail du Canada (CTC) a révélé qu’une travailleuse ou un travailleur sur trois a déjà été la cible de violence conjugale et que, dans bien des cas, cette violence a eu des conséquences sur le travail.

Comme la majorité des membres du personnel enseignant au Canada sont des femmes*, il n’est pas difficile de deviner qu’elles aussi ont connu des difficultés associées à la violence conjugale à un moment donné dans leur vie. C’est pourquoi la FCE accorde des ressources financières et humaines au projet du CTC sur les effets de la violence conjugale sur le milieu de travail.

Le mouvement syndical a largement célébré cette victoire qui est donnée en exemple pour les futures négociations collectives.

Sur d’autres fronts, il est aussi fondamental d’adopter une politique contre la violence si nous voulons progresser. Parmi les résolutions adoptées à l’Assemblée générale annuelle (AGA) de la FCE en juillet 2016, une a été mise de l’avant par l’Association des enseignantes et des enseignants du Yukon, une organisation Membre de la FCE qui est aussi le premier syndicat du Canada à avoir négocié un congé spécial pour ses membres victimes de violence familiale. http://www.yta.yk.ca/index.php/component/docman/doc_download/478-convention-collective-2015.html (page 21) [PDF, 796 Ko].

Le mouvement syndical a largement célébré cette victoire qui est donnée en exemple pour les futures négociations collectives. Mais notre travail ne doit pas s’arrêter là. La liste qui suit donne une idée générale des thèmes des résolutions adoptées à l’AGA de 2016 en rapport avec la santé mentale, la violence et la problématique hommes-femmes :

  • Soutien à la tenue d’une commission d’enquête sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (suivi d’une pétition et d’un communiqué de la FCE de 2014);
  • Appel à la création d’un commissariat national à l’enfance et à la jeunesse;
  • Stratégies et services axés sur la santé mentale, traitements à l’intention des enfants, des jeunes et des femmes inspirés des résultats d’études scientifiques et adaptés selon la race, la religion, l’âge, le sexe, l’identité de genre, l’orientation sexuelle, l’incapacité, etc.;
  • Traitements de santé mentale à l’intention des femmes en fonction des déterminants sociaux que sont la pauvreté, le logement, la stigmatisation et les expériences passées avec la violence, et pas seulement selon le modèle biomédical (centré sur les facteurs biologiques et génétiques de la maladie mentale);
  • Amélioration des instruments législatifs de prévention de la violence et de protection connexe en milieu de travail pour le personnel enseignant;
  • Plan d’action national contre la violence à l’égard des femmes;
  • Protection du personnel enseignant contre toutes les formes de violence en milieu de travail, y compris celle qui vient des élèves;
  • Services de santé mentale, traitements et soutien, pour tous les Canadiens et Canadiennes qui en ont besoin, par l’intermédiaire du système de santé de leur province ou territoire.

Pour terminer, la FCE continuera, au Canada et à l’étranger, de promouvoir le modèle des écoles sûres et bienveillantes. Tout récemment, l’Initiative des Nations Unies pour l’éducation des filles (en anglais seulement) a cité l’initiative de coopération de la FCE, appelée Action enseignante pour les filles, avec le Uganda National Teachers’ Union (UNATU) comme exemple du rôle moteur que le personnel enseignant et les organisations de l’enseignement jouent dans le changement en éducation, lequel peut s’étendre aussi bien à l’éducation des filles qu’à l’élimination de la violence sexiste en milieu scolaire. Nous sommes honorés de cette reconnaissance et félicitons aussi le UNATU pour le rôle de chef qu’il assume dans ce dossier.

S’il est impossible de tout changer en un jour, nous pouvons néanmoins faire de petits gestes dès aujourd’hui pour aider à mettre fin au cycle de la violence. Chaque geste compte!


*Selon Statistique Canada, dans notre pays, 84 % des membres du personnel enseignant de la maternelle et de l’élémentaire, et 59 % des membres du personnel enseignant du secondaire sont des femmes.


Réponse de l’Internationale de l’Éducation au Rapport mondial de suivi sur l’éducation
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