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La réponse mondiale à la privatisation et à la commercialisation en éducation : Ça commence par nous, les enseignantes et enseignants

| Développement international, Droits de la personne, Privatisation

Comme les lecteurs et lectrices de Perspectives le savent peut-être, la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (FCE) se positionne comme la « voix nationale bilingue incontournable de l’éducation publique financée par l’État ». Cette vision s’accompagne d’un engagement à militer vigoureusement en faveur de l’éducation publique financée par l’État au Canada et dans le monde. Pour la FCE, l’éducation est un droit fondamental de la personne et devrait en tant que tel être financée par l’État, gratuite, de qualité et accessible à tous et à toutes.

La FCE se sert bien intentionnellement de l’expression « éducation publique financée par l’État ». Ailleurs dans le monde, nous voyons de trop nombreux exemples d’écoles « à droits de scolarité peu élevés » (plutôt que gratuites), d’écoles exclusives (plutôt qu’inclusives) et d’écoles où les « leçons » sont enseignées par des enseignantes et enseignants non qualifiés qui, dans certains cas, enseignent à partir d’un script (en anglais seulement). Bien que la majorité des enfants et des jeunes du Canada aient accès à une éducation publique inclusive, de qualité et financée par l’État, il y a des exceptions troublantes un peu partout au pays (en particulier dans les communautés des Premières Nations, métisses et inuites, ainsi que dans de petites communautés et certains milieux urbains défavorisés). Étant donné les tendances et les pressions mondiales actuelles, nous ne devons pas tenir notre système d’éducation pour acquis.

Les Canadiennes et Canadiens n’ont qu’à regarder du côté de la Grande-Bretagne ou des États-Unis, des pays pourtant prospères, pour voir des systèmes d’éducation publique en déroute. Nous ne voulons pas, dans une dizaine d’années, regarder en arrière et nous demander : « Pourquoi n’avons-nous rien fait pour stopper la privatisation et la commercialisation du système d’éducation publique du Canada? ». Comme l’a si bien dit la présidente de l’IE, Susan Hopgood, dans un discours qu’elle a prononcé le 25 septembre dernier devant les Nations Unies au sujet des objectifs de développement durable, ce qu’il faut, dès maintenant, ce sont « [d]es actes, pas des paroles ». La FCE est fière de travailler en collaboration avec ses organisations Membres, qui font d’elle une fédération solide et efficace. Ensemble, nous sommes déterminés à passer à l’action pour stopper l’érosion de l’éducation publique financée par l’État, ici comme à l’étranger.

En juillet dernier, les déléguées et délégués à l’Assemblée générale annuelle de la FCE ont pris part à une séance intensive sur la menace continue que représentent la privatisation et la commercialisation de l’éducation. Des collègues des quatre coins du Canada se sont réunis pour discuter de l’érosion dont souffre ce bien public. Depuis ces riches discussions, le personnel de la FCE compile des études pancanadiennes sur la question. Au début de la nouvelle année, le Comité exécutif de la FCE puis le Conseil d’administration auront l’occasion de se pencher sur ces études et de mettre au point un plan visant à contrer les discours qui font l’apologie de la privatisation et de la commercialisation de l’éducation publique financée par l’État au Canada.

La FCE est également membre d’un réseau mondial mis sur pied par l’Internationale de l’Éducation (IE) et formé de représentants et représentantes d’organisations affiliées à l’IE désireuses de collaborer à un mouvement international de protection et de promotion de l’éducation publique financée par l’État. La dernière réunion du réseau a eu lieu à la mi-novembre. Ensemble, les organisations participantes ont commencé à élaborer un cadre législatif sur lequel les organisations nationales de l’enseignement pourraient s’appuyer, au besoin, pour tenir les gouvernements responsables de fournir une éducation publique, inclusive et de qualité. Les organisations qui participent à la campagne mondiale de réponse sont convaincues qu’une éducation publique, gratuite, de qualité et universellement accessible dans toutes les communautés demeure une condition sine qua non pour bâtir un monde meilleur.

La récente expansion de l’économie de marché mondiale s’est traduite par une hausse sans précédent de la participation et de l’investissement des entreprises et du secteur privé dans l’éducation. En tant que membres d’une communauté mondiale d’enseignantes et enseignants faisant partie du réseau mondial de réponse de l’IE, nous sommes préoccupés par l’inégalité croissante et le rejet de la notion d’égalité des chances qu’entraine cette tendance. La FCE, avec d’autres organisations affiliées à l’IE, participe aussi à la rédaction de lignes directrices concernant la responsabilité des entreprises. Ces lignes directrices pourront servir aux organisations et syndicats nationaux, provinciaux, territoriaux ou étatiques de l’enseignement dans le cas où une participation du secteur privé serait envisagée (ou déjà en place).

Il y aura encore bien des choses à dire à ce sujet dans les mois et les années à venir. Et ne l’oublions pas : L’éducation est un droit fondamental de la personne. Si vous désirez collaborer aux efforts que déploie la FCE pour défendre l’éducation publique financée par l’État, n’hésitez pas à communiquer avec moi à [email protected].


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