Espace membres

La diversité des genres, c’est un fait

| Diversité, Justice sociale, Ressources pédagogiques

La diversité des genres au Canada : les élèves s’expriment!

Par Wes Delve

Comment définissons-nous le genre aujourd’hui? Disons d’abord qu’il existe un vaste éventail de genres en plus du genre binaire masculin/féminin. Et, bien que de grands pas aient été faits au Canada pour défendre les droits des personnes qui éprouvent, par exemple, une attirance autre qu’hétérosexuelle, des progrès restent à faire en ce qui concerne l’identité et l’expression de genre.

Voilà pourquoi le nouvel outil de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (CTF/FCE), La diversité des genres, c’est un fait!, dernier-né de la collection La voix des élèves, est si important. Non seulement ce cahier aide les enseignantes et enseignants à répondre aux questions des élèves sur la diversité des genres et à les sensibiliser à des concepts sociaux comme la cisnormativité, le cissexisme et la transphobie, il le fait à partir de l’expérience même des élèves. 

Quand j’ai plongé dans ce projet de création d’un outil sur le thème de la diversité des genres, je savais que je me lançais dans une aventure d’exploration et d’apprentissage. Le sujet m’intéressait, je me sentais inspiré par le travail à venir et je me sentais prêt. C’est donc tête première que j’ai plongé. 

J’ai cependant vite compris que mes attentes initiales ne correspondaient en rien à l’ampleur des découvertes que j’allais faire. En tant qu’agent de programme dont les responsabilités englobent le Programme de justice sociale de la CTF/FCE, je pensais en savoir déjà beaucoup. Or, je me suis rendu compte que j’en avais encore beaucoup à apprendre sur le sujet. Cette prise de conscience a été pour moi à la fois une surprise déconcertante et une leçon d’humilité. Sur une note plus profonde et plus dérangeante encore, j’ai découvert la dure réalité et le douloureux quotidien des personnes non binaires au Canada, un pays pourtant reconnu pour son traitement équitable de ses citoyennes et citoyens. Les vérités dont j’ai pris connaissance au fil du projet ont fait naître chez moi un sentiment de découragement et, disons-le, de l’embarras.

Cela dit, quand j’ai commencé à lire les réflexions des élèves en réponse aux questions que nous avions élaborées et que des enseignantes et enseignants volontaires leur avaient posées en classe, j’ai été encouragé par la candeur, l’énergie, le savoir et la sagesse qui s’en dégageaient. À vrai dire, j’ai eu les larmes aux yeux plusieurs fois et je n’ai pas pu m’empêcher de faire lire quelques perles à mes collègues. Je me suis rendu compte non seulement que les jeunes d’aujourd’hui possèdent de bien plus grandes connaissances que moi à leur âge, mais qu’ils sont bien outillés et prêts à lutter contre la discrimination dont ils sont témoins dans le monde qui les entoure. 

Je ne trouve pas les mots pour exprimer à quel point je suis reconnaissant d’avoir vécu cette aventure et d’avoir appris tant de choses aux côtés des nombreuses personnes qui ont pris part au projet. Je suis d’autant plus heureux que nous lançons ce cahier le 14 juillet, Journée internationale des personnes non binaires, et que ce nouvel outil arrivera dans les salles de classe du Canada à temps pour la Semaine de l’égalité des sexes, célébrée chaque année pendant la troisième semaine complète de septembre dans tout le Canada.

Mais, même maintenant que nous disposons d’un outil pédagogique aussi riche que celui-ci, il faut encore reconnaître la souffrance que vivent certaines des personnes les plus opprimées et les plus marginalisées, de même que les changements à apporter pour garantir l’acceptation et l’inclusion des personnes de genre non binaire. Il reste beaucoup de travail à faire. J’espère sincèrement que cet outil apportera un début de solution au manque de ressources présentant une réflexion sincère sur les thèmes de la diversité des genres et du cissexisme dans les écoles canadiennes. 

Les élèves d’aujourd’hui sont prêts à s’exprimer, à user de leur influence et à défendre les causes qui leur tiennent à cœur, notamment celle de l’égalité des genres. Et il nous revient à nous, éducateurs et éducatrices qui avons le privilège d’enseigner et d’apprendre aux côtés de ces militantes et militants en herbe, de les inspirer en retour, de leur offrir des milieux sûrs où ils peuvent poser des questions et discuter franchement et ouvertement, et de les encourager à dénoncer et à contrer les injustices du monde qui les entoure. J’espère que cet outil incitera tous les éducateurs et éducatrices à s’investir dans ce travail, un travail essentiel si nous voulons que notre société ouvre grand ses portes, qu’elle reconnaisse la juste valeur de chaque personne et qu’elle aide tous ses membres à s’élever, indépendamment de leur genre.

Les cahiers de discussion sont conçus pour faciliter les discussions sur des enjeux sociaux complexes en donnant voix aux élèves. Ils se composent de réflexions d’élèves et s’accompagnent de plans de leçon. Ils permettent aux enseignantes et enseignants d’encourager leurs élèves à discuter de sujets importants, à faire tomber les préjugés qu’entretient la société et à passer à l’action pour sensibiliser les autres jeunes et la communauté plus vaste à ces questions.

Les cinq cahiers de la collection La voix des élèves sont : La pauvreté, qu’est-ce que c’est? (2014); Ensemble contre la stigmatisation de la maladie mentale! (2016); Vérité et réconciliation — De quoi s’agit-il? (2016), L’insécurité linguistique : Comment la vivons-nous? (2019) et La diversité des genres, c’est un fait! (2021).


Wes DelveAgent de programme, Programme de coopération internationale et de justice socialeFédération canadienne des enseignantes et des enseignants
Accessibilité