La compression des effectifs dans les facultés d’éducation en Ontario met à risque la qualité de l’éducation francophone en milieu minoritaire au Canada
Depuis des dizaines d’années, les facultés d’éducation francophones de la province de l’Ontario forment un personnel enseignant hors pair. Je le dis non seulement à titre de président de l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO), mais aussi à titre de parent et d’observateur. J’ai trois enfants qui ont bénéficié d’une éducation de grande qualité dans des écoles francophones; et je constate, en côtoyant des intervenantes et intervenants du domaine politique, du monde des affaires, etc., que nos jeunes élèves deviennent des adultes qui contribuent à la bonne marche de la société. Ils sont vraiment outillés pour la vie, grâce à leur éducation dans nos écoles francophones.
L’AEFO savait depuis longtemps que le ministère de l’Éducation de l’Ontario (MÉO) avait l’intention de prolonger le programme des facultés d’éducation, passant de un an à deux ans. Mais lorsque le MÉO a annoncé son intention de couper les effectifs des facultés d’éducation de 50 %, je dois dire que la réaction de l’AEFO a été immédiate : un programme étalé sur deux ans, combiné à une diminution de 50 % des effectifs, pourrait avoir des conséquences sur l’embauche du personnel enseignant francophone.
C’est donc dire que la qualité même de l’éducation francophone est en cause, puisque la décision du MÉO risque de provoquer une pénurie de personnel enseignant qualifié. De quelle manière? Même avec un programme d’un an, de nombreux étudiants et étudiantes des facultés d’éducation suivent le programme en Ontario et retournent dans leur province ou territoire d’origine une fois les études terminées. De plus, les conseils scolaires qui offrent des programmes d’immersion, ainsi que les provinces et territoires qui n’ont pas de faculté d’éducation francophone, recrutent activement nos diplômées et diplômés. S’il y a moins de diplômés, comment les écoles francophones de l’Ontario réussiront-elles à maintenir l’équilibre fragile entre l’offre et la demande?
Un autre défi : la suppléance. Puisque certaines régions ont déjà un manque d’effectif, les écoles doivent combler leurs besoins par le personnel suppléant. Mais lorsque ce bassin de personnel suppléant sera épuisé, comment les écoles pourront-elles trouver du personnel enseignant qualifié?
J’ai déjà eu l’occasion de parler de la situation avec la ministre de l’Éducation, Liz Sandals. Et bien que le défi soit réel, je crois fermement qu’une collaboration étroite entre l’AEFO, le MÉO et les conseils scolaires permettra de trouver des pistes de solutions. Après tout, nous avons toutes et tous à cœur l’avenir de nos jeunes.