Contre-attaquer pour aller de l’avant : un rapport des premières lignes de la campagne Fight Back de l’Institut Broadbent
Les lignes des combats politiques et idéologiques sont parfois nébuleuses. S’agit-il de véritables combats ou d’une série d’escarmouches qui, vues de l’extérieur, ne présentent souvent qu’un intérêt modéré? Cette fois, la question ne se pose même pas.
Entre nous qui luttons contre les inégalités et les changements climatiques, et la menace qu’ils représentent dans tous les aspects de notre vie, et celles et ceux qui cherchent sans aucun scrupule à maintenir le pouvoir et l’argent entre les mains de quelques élites, l’opposition est on ne peut plus claire.
En un sens, jamais nous n’avons été si près de remporter d’importantes victoires, par exemple la mise en place d’un régime d’assurance-médicaments et d’une économie propre et inclusive, financée par un système d’imposition où les riches paient leur juste part. Et pourtant, nous sommes également menacés par une extrême droite ragaillardie qui tente par tous les moyens de faire pénétrer sa stratégie de haine et de peur dans la politique courante et le débat public.
Des chefs autoritaires de droite ont notoirement été élus aux quatre coins du monde. Or, des élections récentes au Canada prouvent que notre pays n’est pas immunisé contre les autocrates en puissance qui se posent en guerriers populistes à la défense de la classe ouvrière. Évidemment, une fois ces personnes au pouvoir, leurs véritables objectifs sont mis à nu par leurs actions. Elles adoptent rapidement des mesures pour restreindre les droits des travailleurs et travailleuses, et imposent des compressions aux systèmes publics essentiels comme l’éducation sans se soucier ou à peine de la transparence démocratique. Et, comme par hasard, des intérêts privés, souvent commerciaux, se trouvent toujours là pour bénéficier de ces mesures.
Quand l’Institut Broadbent a été créé il y a sept ans, nous nous sommes attaqués aux grands centres de réflexion conservateurs du Canada. Nous avons réussi à discréditer des groupes comme l’Institut Fraser et le Manning Centre, les délogeant de la place dominante qu’ils étaient parvenus à occuper dans le débat politique, et en particulier les rapports bidon dans lesquels ils faisaient la promotion de l’éducation privée et de la liberté fiscale!
Mais le contexte dans lequel se déroule cet affrontement quotidien des idées change rapidement.
De nouveaux messagers de la droite comme Canada Proud surgissent dans les médias sociaux. Ils ne mènent pas leurs activités sur la place publique comme les joueurs traditionnels, mais se cachent dans les ténèbres de l’Internet.
Ces groupes travaillent sans relâche pour promouvoir leurs idéologies extrémistes, ce qu’ils font à force de mensonges et de clichés, guidés par un opportunisme politique de la pire espèce.
PressProgress, une publication percutante de l’Institut axée sur le journalisme d’enquête et la vérification des faits, est devenue la première ligne de riposte en réponse aux attaques de la droite sur Internet. En fournissant de l’information exacte et fiable sur les mêmes plateformes, souvent aux mêmes publics, PressProgress joue le rôle d’organe de surveillance du mouvement conservateur. Pendant la campagne électorale, son rôle est essentiel : dire la vérité aux Canadiens et Canadiennes à propos des politiciens et politiciennes qu’ils pourraient élire et des personnes qui les influencent.
Aussi importante soit-elle, cette guerre des tranchées quotidienne ne représente qu’un des aspects de la campagne de contre-attaque de l’Institut Broadbent. Par la tenue de nos sommets annuels et de nos blogues hebdomadaires, entre autres, nous produisons et diffusons des études stratégiques originales, et rendons possibles des discussions sur les solutions progressistes et audacieuses à mettre en place pour régler les problèmes les plus pressants auxquels se heurte la population canadienne.
Nous faisons cela non seulement pour mobiliser les leaders d’opinion et les activistes de notre mouvement, mais également pour réfléchir à ce que vivent les gens ordinaires, d’un océan à l’autre, et répondre à leurs besoins. Parce que pour gagner cette bataille, nous devons faire grossir notre public.
Et pour que notre public gagne en nombre, nous devons aller au-delà de l’exercice de communications. Nous devons former la prochaine génération de dirigeantes et dirigeants, et explorer de nouvelles stratégies d’action politique et d’organisation. Notre nouveau projet, PowerLab, que nous avons lancé en collaboration avec l’Atkinson Foundation, est un bon exemple. Ce projet a pour but de favoriser les partenariats avec les communautés pour bâtir des économies équitables en renforçant la capacité d’action et le pouvoir locaux qui peuvent avoir une incidence régionale et nationale.
Les lignes de bataille sont clairement définies, et le combat en faveur d’un Canada équitable, inclusif et durable doit se faire simultanément sur de nombreux fronts. Si nous voulons gagner, nos efforts doivent faire accélérer le pouls des personnes assises à l’écart pour qu’elles se mettent debout. Pour y arriver, l’Institut Broadbent a élaboré une stratégie à trois volets : exposer nos ennemis communs pour ce qu’ils sont; adopter une vision audacieuse qui reflète ce que la plupart d’entre nous vivent; et bâtir un mouvement dans lequel chaque personne a le pouvoir d’agir.
Katrina Miller est la directrice de programme de l’Institut Broadbent.