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Claudette Tardif : une source d’inspiration

| Équité entre les genres

Dans la francophonie canadienne, la sénatrice Claudette Tardif est connue et reconnue comme l’une des figures de proue de la défense des droits linguistiques. Enseignante de carrière, elle s’est distinguée par les efforts qu’elle a déployés pour soutenir l’école secondaire de langue française et, plus tard, pour promouvoir l’importance des études postsecondaires en français, alors qu’elle était doyenne de la Faculté Saint Jean de l’Université de l’Alberta. Claudette Tardif siège au Sénat du Canada depuis 2005.

C’est dans son bureau de la Colline du Parlement que se déroule notre entretien. Si les défis qui touchent les communautés francophones en contexte minoritaire lui sont familiers, la sénatrice se montre intriguée quand je lui annonce qu’il sera cette fois question de son parcours en tant que femme.

Elle plonge pourtant rapidement dans le vif du sujet avec la passion qu’on lui connaît. D’emblée, elle reconnaît la chance qu’elle a eue de former avec son mari un couple avant-gardiste, ce qui lui a permis de concilier son rôle de mère de trois enfants, sa vie professionnelle active et… des études qui l’ont menée au doctorat en 1984. « Je me souviens de périodes où je n’avais qu’une ou deux soirées de libres par année! », admet-elle. À la maison, les responsabilités étaient bien partagées et elle s’empresse de remercier son conjoint de tout l’appui qu’il lui a donné.

La fibre maternelle, on la perçoit tout de suite dans son regard qui s’épanouit dès qu’elle parle de ses trois enfants et de ses six petits-enfants. Elle parle d’eux avec vivacité et une grande fierté l’anime quand elle évoque les liens que toute la famille maintient avec la langue française.

Au fil des ans, Claudette Tardif a occupé d’importants postes de haute direction. Elle a souvent été l’« intruse » dans un monde d’hommes. Comment a-t-elle, en tant que femme, réussi à relever les défis qui l’attendaient?

Au fil des ans, Claudette Tardif a occupé d’importants postes de haute direction. Elle a souvent été l’« intruse » dans un monde d’hommes. Comment a-t-elle, en tant que femme, réussi à relever les défis qui l’attendaient? « J’ai eu la chance de graviter dans des milieux où l’on valorise la diversité d’opinions et où l’on est ouvert à un style de leadership différent. J’ai toujours eu le souci du consensus, une approche qui est peut-être différente de celle de certains collègues masculins que j’ai côtoyés. Dans le monde de l’éducation particulièrement, il y a moins de femmes dans les hautes sphères, mais je me suis toujours sentie bien à ma place et bien acceptée. »

Entre elles, comment les femmes reconnaissent-elles le leadership d’une collègue? « Il y a des tendances sociales historiques dont il faut se défaire. Parce que les femmes sont souvent moins catégoriques dans leurs propos, ça ouvre la porte à remettre en question leurs décisions. » La sénatrice estime cependant qu’avec un nombre croissant de femmes dans des postes clés, ces attitudes d’une autre époque disparaîtront.

Quand on demande à Claudette Tardif si elle a un conseil à offrir aux jeunes femmes d’aujourd’hui, son visage s’assombrit : « Je n’ai pas grandi dans le contexte d’hypersexualisation que l’on vit aujourd’hui. C’est une chance que j’ai eue. Je m’inquiète pour les jeunes adolescentes d’aujourd’hui qui se voient présentées dans les médias comme des objets. » Elle se préoccupe aussi de la violence faite aux femmes et de l’iniquité qui persiste entre les sexes dans certaines régions du monde. Si elle considère le Canada comme un pays où des occasions équitables s’offrent aux femmes, elle estime qu’il faut rester vigilant pour assurer un véritable changement social. Elle croit fermement qu’il faut s’empresser de mettre de l’avant des modèles forts auxquels les jeunes filles peuvent s’associer. « Tout ça commence à l’école », conclut-elle.

En reconnaissance de son leadership et de son engagement dans la collectivité, Claudette Tardif a reçu de grands honneurs, dont les suivants : l’insigne d’Officier de la Légion d’Honneur française (2016), le Prix en leadership politique Georges A. Arès (2016), l’Ordre des francophones d’Amérique (2011), l’Ordre de la Pléiade (2005), la médaille du Centenaire de l’Alberta (2005), l’Ordre du Conseil de la vie française en Amérique (2003), le prix « Femme de vision » décerné par le réseau Global Edmonton (2000) et le Prix Maurice-Lavallée remis par l’Association canadienne-française de l’Alberta en reconnaissance de sa contribution exceptionnelle à l’éducation en langue française (1990 et 1997).


Des enseignantes accompagnaient les Héritières du suffrage lorsque celles-ci ont pris leur place à la Chambre des communes
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