Cap sur Ottawa où les déléguées et délégués au Congrès mondial de l’Internationale de l’Éducation se mobiliseront cet été pour une éducation de qualité
En juillet prochain, le Canada sera l’hôte du Congrès mondial de l’Internationale de l’Éducation (IE), qui aura lieu à Ottawa. Comparable aux assemblées générales annuelles ou biennales des organisations de l’enseignement du Canada, ce congrès quadriennal a cependant une portée véritablement internationale. Il permet d’obtenir une vue panoramique de chaque palier du système d’éducation, de l’éducation de la petite enfance à l’enseignement postsecondaire, en passant par l’éducation élémentaire et secondaire, de comprendre ce que les enseignantes et enseignants des quatre coins du monde pensent de l’éducation, des droits des enfants et des jeunes, du civisme et de la démocratie, et de prendre des décisions éclairées à ce propos.
Le Congrès de cette année s’annonce tout à fait unique, non seulement parce qu’il ne reviendra probablement pas au Canada avant au moins 50 ans, mais aussi à cause du climat économique et politique dans lequel se trouvent en ce moment les enfants et la population enseignante. Le thème du Congrès, « Mobilisation pour l’éducation de qualité », s’inscrit dans le prolongement de la campagne mondiale de l’IE. Récemment, lors de rencontres internationales comme le Sommet international sur la profession enseignante qui a eu lieu en Alberta en mars et le Forum mondial sur l’éducation tenu en Corée du Sud en mai, les gouvernements, les syndicats de l’enseignement, les organisations non gouvernementales et les organisations mondiales réunis ont semblé d’accord pour dire que tous les enfants, où qu’ils vivent, doivent bénéficier d’une éducation de qualité, que l’éducation est la clé pour mettre fin à la pauvreté et qu’une population instruite procure de grands avantages sociaux et économiques à son pays.
Cependant, on ne s’entend pas encore sur la définition d’une éducation de qualité, qui semble parfois pencher dangereusement vers l’instrumentalisation de l’éducation et de la population. Selon certains, l’éducation ne vise qu’à préparer les enfants à occuper un emploi, et le rôle des citoyennes et citoyens d’un pays se limite à leur contribution individuelle à l’économie. Généralement, les gouvernements qui adhèrent à ce point de vue cherchent à obtenir les « produits désirables » (selon le vocabulaire de l’instrumentalisation) de l’éducation. Nombreux sont ceux qui, pris dans l’engrenage de l’austérité, cherchent en outre à obtenir ces « produits » au plus bas cout possible. Ils sont en effet convaincus que l’État devrait jouer un rôle limité, que les citoyennes et citoyens devraient être entièrement responsables de leur bienêtre et que les services publics devraient être laissés aux mains du secteur privé. Cette théorie, avancée par le secteur privé et la classe politique qu’il appuie depuis des dizaines d’années, recueille l’adhésion de certains gouvernements nationaux. Là où elle a été appliquée, entièrement ou en partie, l’écart entre les riches et les pauvres s’est creusé — un fait signalé à maintes reprises par l’Organisation de coopération et de développement économiques, préoccupée de la chose, ainsi que dans le rapport spécial des Services économiques TD de novembre 2014.
Le modèle d’écoles à faible cout et à but lucratif, bien implanté en Afrique, illustre cette théorie. Concrètement, selon ce modèle, lorsqu’ils arrivent à l’école le matin, les élèves doivent payer un droit d’entrée. S’ils n’ont pas d’argent un matin, ils ne vont pas à l’école ce jour-là. Certains enfants doivent travailler pour être en mesure de payer ce « droit » d’aller à l’école. Leur désir d’apprendre est devenu une source de profit pour les gestionnaires et les investisseurs privés.
Par l’intermédiaire de l’IE, les enseignantes et enseignants du monde entier présentent une vision très différente de ce qu’est une éducation de qualité — une vision enchâssée dans la campagne « Uni(e)s pour l’éducation » sur laquelle fera fond le Congrès mondial de l’IE de 2015. Cette campagne est axée sur trois grands thèmes : des enseignantes et enseignants compétents, des outils de qualité et des environnements d’apprentissage de qualité. Les enseignantes et enseignants devraient être hautement qualifiés et bénéficier de perfectionnement professionnel continu. Les membres du personnel enseignant et les élèves devraient disposer des ressources dont ils ont besoin, les uns pour enseigner, les autres pour apprendre. Enfin, les écoles et les classes devraient être sécuritaires et bien équipées, et les conditions devraient être propices à l’enseignement et à l’apprentissage. Pour l’IE, la responsabilité de fournir une éducation de qualité incombe incontestablement aux gouvernements, car ce sont eux seulement qui peuvent assurer à chaque enfant des chances égales de développer son plein potentiel par l’éducation. Il s’agit d’une vision holistique qui a pour but de renforcer non seulement la participation économique, mais aussi la citoyenneté et la démocratie.
À l’occasion du Congrès de l’IE de cet été, les porte-paroles du milieu de l’enseignement, que nous accueillerons du monde entier, viendront discuter de ces questions, dans toutes leurs dimensions. Ensemble, nous élaborerons des principes directeurs, élirons nos dirigeantes et dirigeants, dresserons des plans et établirons les objectifs organisationnels de l’IE pour les quatre prochaines années. Nous travaillerons ensemble pour que l’éducation, partout sur la planète, soit publique, financée par l’État, universelle, gratuite, inclusive et offerte pour le bien de tous les enfants, de leurs familles, de leur communautés et de ce monde magnifique qui est le nôtre.