Article vedette — Principales constatations du Sondage de la FCE auprès du personnel enseignant sur l’éducation autochtone
Dans le cadre de son travail sur l’éducation autochtone et pour guider ses principes directeurs et ses pratiques, la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (FCE) a réalisé un sondage afin de recueillir les points de vue des enseignantes et enseignants en salle de classe sur divers sujets liés à l’éducation autochtone. Aux fins du sondage, l’expression « éducation autochtone » désigne l’enseignement de contenu (histoire, culture et questions d’actualité) et de points de vue autochtones aux élèves autochtones et non autochtones des écoles publiques du Canada. Le terme « Autochtones » désigne les membres des Premières Nations, les Métis et les Inuits, et les Autochtones non inscrits.
La FCE a reçu près de 1 900 réponses à son sondage en ligne, qu’elle avait adressé, par l’intermédiaire de ses organisations Membres, aux enseignantes et enseignants des écoles publiques élémentaires et secondaires du Canada. Le sondage a eu lieu en novembre et décembre 2015.
Principales constatations
La place de l’éducation autochtone dans les écoles ou le programme d’études
Les deux tiers des enseignantes et enseignants sondés indiquent qu’ils incluent du contenu, des questions ou des points de vue autochtones dans leur enseignement. Parmi eux, la moitié précisent qu’ils le font de temps en temps, et le tiers qu’ils le font régulièrement.
La méthode la plus souvent citée, et de loin, pour ce qui est d’introduire l’éducation autochtone dans le programme d’études consiste à l’intégrer à des cours comme les études culturelles, l’histoire ou la géographie. Les trois quarts des enseignantes et enseignants sondés indiquent que leur école utilise cette méthode. Viennent ensuite l’organisation de journées ou de semaines thématiques qui intègrent des thèmes culturels choisis au programme d’études général (30 %), puis l’offre d’une classe ou d’un cours consacré à l’éducation autochtone (20 %).
Si la majorité des enseignantes et enseignants estiment que la culture autochtone est représentée dans le programme d’études de leur école, 41 % affirment qu’elle l’est « un peu » alors que seulement 13 % estiment qu’elle l’est « beaucoup ».
Les méthodes les plus couramment utilisées dans les écoles publiques pour présenter divers aspects de la culture et du savoir autochtones aux élèves sont le matériel de bibliothèque et les conférencières et conférenciers autochtones.
Entre autres, les enseignantes et enseignants parlent de l’importance d’établir un lien entre le contenu autochtone et les résultats ciblés par le programme d’études. Ils aimeraient aussi avoir du contenu pertinent pour leur matière, y compris les mathématiques et les sciences où, selon bon nombre d’entre eux, l’intégration de notions autochtones pose des difficultés particulières. En outre, les répondantes et répondants aimeraient de l’information sur les pensionnats autochtones, les droits découlant des traités et d’autres sujets, des ressources en rapport direct avec le programme d’études, des plans de leçon et d’autres outils pédagogiques adaptés au contexte local.
Certains des répondants et répondantes soulèvent aussi le fait que le programme d’études est de plus en plus chargé et qu’il devient difficile d’atteindre les nombreux résultats ciblés et de satisfaire toutes les attentes. L’éducation autochtone pose à cet égard des difficultés particulières.
Un certain nombre de répondantes et répondants signalent le besoin de trouver l’équilibre entre l’enseignement de contenu et de points de vue autochtones, et l’enseignement de contenu d’autres cultures, dans notre société multiculturelle. Ils soulèvent aussi la question de la grande diversité culturelle à l’intérieur même de la communauté autochtone (Premières Nations, Métis et Inuits) comme posant elle aussi un défi de taille. Certains répondants et répondantes soulignent que les administrations de l’école ou du district scolaire et les gouvernements ont un rôle important à jouer dans la fourniture de moyens pour aider le personnel enseignant à intégrer le contenu autochtone dans le programme d’études.
Ressources disponibles pour l’éducation autochtone
Pour trois des quatre ressources examinées, soit les documents et livres de référence et de lecture, le perfectionnement professionnel et la formation, et le soutien offert par du personnel enseignant ou des aînées ou aînés autochtones, les enseignantes et enseignants sondés les jugent majoritairement tout juste « suffisantes » ou même « insuffisantes » dans leur école pour ce qui est d’appuyer l’intégration de contenu et de points de vue autochtones dans le programme d’études. [graphique 1a] Les enseignantes et enseignants qui expriment une opinion à ce sujet sont plus susceptibles de trouver les ressources « insuffisantes », notamment c’est l’avis d’une enseignante ou d’un enseignant sur deux en ce qui a trait au perfectionnement professionnel et à la formation ainsi qu’au soutien offert par du personnel enseignant ou des aînées ou aînés autochtones. [graphique 1b]
Quand on demande aux enseignantes et enseignants d’indiquer ce dont ils auraient besoin pour bien se préparer à intégrer du contenu et des points de vue autochtones dans leur enseignement, ils sont nombreux à apprécier l’idée de travailler avec des aînées ou aînés ou des gardiennes ou gardiens du savoir autochtones qui leur apporteraient une connaissance directe des cultures autochtones. Ces personnes seraient des ressources qui pourraient appuyer le personnel enseignant en salle de classe, offrir de la formation professionnelle et aider à l’élaboration du programme d’études et d’autres ressources. Les répondantes et répondants suggèrent aussi des liens plus directs avec les communautés autochtones locales et le recrutement d’un plus grand nombre d’Autochtones dans des postes d’enseignement dans le système scolaire public.
Les répondantes et répondants indiquent en outre qu’ils ont besoin d’outils inspirés du programme d’études et adaptés à l’âge et à l’année scolaire, qui :
- soient accessibles, exacts et à jour;
- portent sur des sujets précis comme les droits issus des traités et les pensionnats;
- s’intéressent en particulier aux communautés autochtones locales et à leurs problématiques;
- soient offerts en français;
- bénéficient d’un meilleur financement.
Graphique 1. Points de vue du personnel enseignant sur la mesure dans laquelle les ressources examinées sont suffisantes pour intégrer le contenu et les points de vue autochtones dans le programme d’études
Résultats globaux pour les quatre ressources examinées
1A. Proportion du nombre total de personnes répondantes
Voir l’équivalent textuel — graphique 1A
1B. Proportion des personnes ayant exprimé une opinion
(Sont exclues les réponses « sans objet » et « je ne sais pas ».)
Voir l’équivalent textuel — graphique 1B
Connaissance des Autochtones
Les enseignantes et enseignants sont plus susceptibles de dire qu’ils connaissent l’histoire, la culture, les communautés locales, ainsi que les enjeux propres aux Premières Nations plutôt que ceux propres aux Métis et aux Inuits.
Les enseignantes et enseignants indiquent que les moyens d’apprentissage auxquels ils ont recouru le plus souvent pour améliorer leur connaissance des Autochtones ont été les livres ou plans de leçon en version papier et les ateliers, suivis des traditions orales (p. ex. aînées ou aînés/gardiennes ou gardiens du savoir). (graphique 2)
Graphique 2. Proportion d’enseignantes et enseignants qui disent avoir recouru à différents moyens d’apprentissage pour améliorer leur connaissance des Autochtones
Voir l’équivalent textuel — graphique 2
Perfectionnement professionnel
La moitié des enseignantes et enseignants indiquent qu’ils ont participé à des activités de perfectionnement professionnel pour améliorer leur connaissance et leurs compétences relativement à l’histoire, aux perspectives culturelles ou aux enjeux contemporains des Premières Nations, des Métis ou des Inuits. Les conseils et commissions scolaires sont les principaux fournisseurs d’activités de perfectionnement professionnel et sont suivis, dans une moindre mesure, par la communauté scolaire, le ministère de l’Éducation et les organismes autochtones.
Les genres d’activités de perfectionnement professionnel les plus couramment cités sont les enseignements culturels ou visites à l’école par une personne aînée, ou un gardien ou une gardienne du savoir, les ateliers sur les perspectives historiques et les activités d’intégration de contenu autochtone à diverses matières du programme d’études.
Au moins trois quarts des enseignantes et enseignants sondés trouvent soit « très important » soit « assez important » d’acquérir des connaissances ou compétences supplémentaires à l’égard de chacun des sept dossiers examinés qui touchent les Autochtones. (graphique 3)
Graphique 3. Degré d’importance que les enseignantes et enseignants accordent à l’acquisition de connaissances et de compétences supplémentaires selon les divers dossiers autochtones examinés
Voir l’équivalent textuel — graphique 3
Racisme envers les Autochtones
La moitié des enseignantes et enseignants sondés estiment qu’en général, dans leur communauté, les préjugés raciaux à l’égard des Autochtones « n’ont pas changé » en intensité au cours des cinq dernières années. Un quart signalent une diminution des préjugés tandis que 5 % dénoncent au contraire une augmentation des préjugés pendant la même période. Une personne sur cinq dit ne pas savoir comment les préjugés à l’égard des Autochtones ont évolué. (graphique 4)
Au cours des cinq dernières années, un quart des répondantes et répondants indiquent qu’ils ont été témoins de ce qu’ils considèrent comme des actes de racisme à l’encontre d’Autochtones dans leur classe ou leur école.
Graphique 4. Opinion des enseignantes et enseignants sur l’évolution des préjugés raciaux à l’égard des Autochtones au cours des cinq dernières années
Voir l’équivalent textuel — graphique 4
